Les projets phares en prévention du suicide pilotés par nos membres
Dans le cadre de la 34e Semaine nationale de prévention du suicide, du 4 au 10 février 2024, le CRISE met de l’avant sept projets, uniques et novateurs, pilotés par ses membres étudiant.es et professeur.es. en recherche sur le suicide et sa prévention. Il est important pour nous de souligner l’immense contribution, souvent invisible, de la recherche en suicidologie et de ceux et celles qui la font. Tous les projets présentés ici ont des retombées concrètes et majeures sur les pratiques de prévention du suicide au Québec.
Le CRISE remercie chaleureusement tous les chercheurs et tous les partenaires qui contribuent à faire avancer la science dans le domaine.
Piloté par Corentin Montiel, PhD., Psy D.
Étudier les effets sur les participant.es de la Formation sentinelle pour la prévention du suicide développée par l’AQPS
CONTEXTE
Plus de 30 000 personnes ont été formées au Québec, ce qui en fait un des programmes de formation en prévention du suicide les plus importants de la province. La littérature suggère que les programmes sentinelles préparent adéquatement les participant(e)s, mais nous en savons peu si ceux-ci augmentent les comportements d’aide des sentinelles, et ainsi réduisent le nombre de suicides dans la population.
PROJET
Ce projet de recherche doctoral a pour objectif de mieux comprendre les effets sur les participants de la formation « Agir en sentinelle pour la prévention du suicide », développée par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS). Plus précisément, il vise à 1) déterminer quelles sont les connaissances, compétences, et attitudes développées à la suite de la formation ; 2) quelles connaissances, compétences ou attitudes sont associées aux comportements d’aide des personnes formées ; et 3) explorer les différents facteurs qui pourraient avoir un impact sur la capacité d’agir des sentinelles formées.
IMPACTS
- Développer une compréhension approfondie des effets de la formation sentinelle sur les participant.es ;
- Mieux comprendre pourquoi, comment et dans quels contextes les sentinelles entreprennent des comportements d’aide ;
- Générer des connaissances propres au programme et au contexte québécois ;
- Promouvoir la formation québécoise et les éléments uniques qui la distinguent auprès de la communauté scientifique internationale ;
- Production de deux articles scientifiques
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Chercheur-étudiant
Corentin MONTIEL, PhD en psychologie, UQÀM, CRISE
Superviseur
Brian MISHARA, Ph. D., professeur titulaire au Département de psychologie, directeur du CRISE, UQAM
Collaborateurs
JEVI Centre de prévention du suicide – Estrie
Centre de prévention du suicide de Charlevoix
Centre de prévention du suicide de Lanaudière
Centre de prévention du suicide de Québec
Centre d’écoute et de prévention du suicide Drummond
FINACEMENT
Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratique de fin de vie (CRISE)
Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC)
Piloté par Léa Plourde-Léveillé, cand. au doctorat
Étude exploratoire descriptive des facteurs qui favorisent la résilience des jeunes Inuit au Nunavut
CONTEXTE
Au Nunavut, le taux de suicide est 10 fois plus élevé que la moyenne nationale et ce sont les jeunes Inuit, âgés de 15 à 25 ans, qui sont les plus à risque d’avoir des comportements suicidaires. Jusqu’à présent, les recherches se sont concentrées sur les facteurs de risque du suicide. Cette approche axée exclusivement sur les problèmes est actuellement critiquée puisqu’elle contribue à considérer les Inuits selon une optique pathologisante qui ignore les forces et la valeur de leur culture.
PROJET
Suivant les suggestions de membres de la communauté de Arviat et de Pangnirtung (Nunavut), le projet a été co-développé afin d’identifier les facteurs qui favorisent la résilience des jeunes Inuits à risque de suicide dans ces deux communautés. 32 jeunes inuits âgés entre 15 et 25 ans ont partagé leur façon de surmonter efficacement les difficultés de leur quotidien. Ils ont abordé l’importance du territoire, des apprentissages faits auprès de leurs ainés, des contacts avec les plus jeunes ainsi que la pratique des activités traditionnelles dans leur processus de résilience.
IMPACTS
- Identifier des facteurs qui favorisent la résilience des jeunes Inuit dans deux communautés avec des réalités différentes ;
- Fournir des renseignements contextuels concrets au niveau local pour la prévention du suicide au Nunavut ;
- Contribuer à l’avancement des connaissances en intégrant des savoirs inuits à des concepts reconnus en suicidologie en promotion de la santé mentale. ;
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Chercheure-étudiante
Léa Plourde Léveillé, candidate au doctorat en psychologie, UQÀM, CRISE
Superviseur
Brian Mishara, PhD, psychologie, professeur titulaire au Département de psychologie, directeur du CRISE, UQÀM
Collaborateurs
Aqqiumavvik society
Hamlet of Pangnirtung
FINANCEMENT
Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)
Programme de Formation Scientifique dans le Nord (PFSN)– Savoir Polaire : Financement
Bourse Dr Jim McDonald – l’Association universitaire canadienne d’études nordiques (AUCEN)
Prix Robert McGhee – Savoir Polaire
Programme DIALOGUE (relève étudiante) – Fonds de recherche du Québec (FRQ)
Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE)
Co-piloté par Louis-Philippe Côté, PhD.
Évaluer l’implantation de la Stratégie numérique en prévention du suicide
CONTEXTE
En 2017, le gouvernement du Québec a mandaté l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) pour élaborer une Stratégie numérique de prévention du suicide. En réponse, l’AQPS a créé suicide.ca ; un site web qui propose des informations sur le suicide et la santé mentale, repère en ligne les individus à risque et offre un service d’intervention de crise par clavardage.
PROJET
Julie Lane et Louis-Philippe Côté ont été désignés par l’AQPS comme les deux chercheurs principaux responsables de l’évaluation d’implantation de la Stratégie numérique en prévention du suicide. La phase 1 de cette démarche a été complétée en 2022. Elle avait pour objectif d’évaluer globalement l’implantation de la Stratégie nationale numérique en prévention du suicide et ses effets à court terme.
IMPACTS
- Évaluation de la qualité de la structure de gouverne et des collaborations entourant la Stratégie québécoise numérique en prévention du suicide ;
- Évaluation de la formation des intervenants chez suicide.ca ;
- Évaluation de l’efficacité des stratégies de promotion de la plateforme suicide.ca ;
- Évaluation de l’efficacité de la stratégie de repérage de la plateforme suicide.ca ;
- Description du profil des utilisateurs de suicide.ca ;
- Évaluation de la satisfaction des utilisateurs de la plateforme suicide.ca ;
- Production d’un rapport d’évaluation et de deux articles scientifiques ;
- Formulation d’une série de recommandation à l’AQPS.
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Équipe de recherche
Julie Lane, directrice du Centre RBC, UdeS
Louis-Philippe Côté, PhD en psychologie, professionnel de recherche, UQÀM, CRISE
Luiza Maria Manceau, professionnel de recherche, UdeS
Céline Verchère, professeure associée, UdeS
Collaborateurs
Association Québécoise de Prévention du Suicide
Centre de prévention du suicide de Montréal
Centre de prévention du suicide de Québec
Centre de prévention du suicide du Saguenay Lac-St-Jean
FINANCEMENT
Association québécoise de prévention du suicide (AQPS)
Piloté par Sarah Felx, cand. au doctorat
Mieux comprendre et prévention les comportements suicidaires des femmes victimes de violence conjugale du Québec
CONTEXTE
Les femmes victimes de violence conjugale sont plus susceptibles d’avoir fait une tentative de suicide que les femmes qui ne sont pas victimes de violence conjugale. Malgré les taux de prévalence élévés de comportements suicidaires en situation de violence conjugale, trop peu d’études s’intéressent aux comportements suicidaires des femmes victimes de violence conjugale et à leur prévention. Cette absence dans la littérature est encore plus marquée lorsqu’il est question d’une population québécoise.
PROJET
La recherche vise à améliorer la compréhension et la prévention des comportements suicidaires chez les femmes victimes de violence conjugale du Québec. Ce projet vise également à combler les lacunes de modélisation quant aux comportements suicidaires en situation de violence conjugale. En effet, il n’existe aucun modèle scientifique jumelant ces deux problématiques (violence conjugale et comportements suicidaires).
IMPACTS
- Identification des mécanismes d’apparition des comportements suicidaires en situation de violence conjugale ;
- Identification des indicateurs spécifiques de risque et d’accélération du danger suicidaire chez la victime en tenant compte des dynamiques de pouvoir en jeu dans la violence conjugale ;
- Sensibilisation des intervenants, travaillant avec des femmes victimes de violence conjugale, à l’apparition de comportements suicidaires chez leur clientèle ;
- Recommandations permettant de consolider et d’améliorer les pratiques de prévention du suicide chez les femmes victimes de violence conjugale au Québec.
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Chercheure-étudiante
Sarah Felx, candidate au doctorat en psychologie, UQÀM, CRISE
Superviseuse
Cécile Bardon, Ph. D., professeure titulaire au Département de psychologie, directrice associée du CRISE, UQÀM
Piloté par Laurent Corthésy Blondin, PhD.
Guide d’information sur la prévention du suicide chez le personnel policier
PROJET
Certains facteurs de risque font du personnel policier un groupe avec des besoins particuliers en termes de prévention du suicide. Ces travailleurs et travailleuses sont exposés à des événements potentiellement traumatiques, et ceux-ci peuvent contribuer au développement de problèmes de santé mentale. Lors d’une crise suicidaire, les policiers et policières ont accès à une arme de service qui peut constituer un moyen pour s’enlever la vie. Au surplus, la probabilité qu’un suicide soit complété sur le milieu de travail est plus élevée lorsqu’il s’agit d’un policier ou d’une policière, comparé aux autres types d’emploi. Le suicide chez les policiers est donc un enjeu de santé et de sécurité du travail qui préoccupe les organisations policières. D’ailleurs, certaines d’entre elles ont réclamé de l’accompagnement dans l’identification d’interventions préventives qui pourraient répondre aux besoins particuliers de leur personnel. C’est dans ce contexte que la demande d’un guide a été adressée à la Direction de la veille et de la mobilisation des connaissances de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) et à des experts du CRISE.
IMPACTS
- Informer sur la problématique du suicide et des problèmes de santé psychologique chez le personnel policier et sur les facteurs d’influence associés aux comportements suicidaires et au suicide ;
- Présenter des exemples d’interventions et de programmes utiles pour la prévention du suicide chez le personnel policier ;
- Décrire les effets de certaines interventions et certains programmes liés à la prévention du suicide chez le personnel policier et des populations connexes ; Aiguiller la prévention du suicide chez le personnel policier au Québec en proposant des pistes d’action spécifiques à cette population ;
- Transmettre l’information de façon vulgarisée et dans un langage adapté à celui des organisations policières de façon à ce que celles-ci puissent s’approprier les concepts-clés.
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Auteur.trices & chercheur.es
Laurent Corthésy-Blondin, PhD, CRISE, IRSST, Faculté des sciences infirmières de l’UdeM
Marie-Hélène Poirier, professionnelle scientifique à la Direction de la veille et de la mobilisation des connaissances de l’IRSST
Christine Genest, PhD, professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’UdeM, CRISE
Collaboratrices
Amélie Trudel et Christine Lamarche (Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales, APSAM), initiatrices de la demande et collaboratrices à la rédaction.
FINANCEMENT
IRSST
Co-Piloté par Brian Mishara, professeur et directeur du CRISE
Brian Mishara et David Weisstub, Practical Ethics in Suicide – Research, Policy and Clinical Decision Making (févr. 2024, Cambridge U Press)
PROJET
Quand et avec quelle force devons-nous intervenir pour sauver une vie, et quand devons-nous respecter la volonté de mourir ? Ce livre présente des paradigmes éthiques alternatifs pour comprendre les défis contemporains de la recherche, de la prévention, des pratiques et des politiques en matière de suicide, y compris les défis liés à l’aide médicale à mourir. En s’appuyant sur des études de cas et des approches philosophiques, l’analyse se concentre sur la prise de décision lorsque nous sommes confrontés à des questions sur les obligations d’aider et d’intervenir dans des situations suicidaires. Les chapitres couvrent les dilemmes moraux dans les politiques d’aide de sauvetage, les défis éthiques de la recherche sur le suicide, les considérations pratiques et juridiques, et les similitudes et différences avec l’accès à l’Aide médicale à mourir. Les discussions s’appuient sur des débats contemporains et abordent des questions importantes telles que la question de savoir si nous devrions continuer à hospitaliser les gens pour les protéger contre le suicide, ou s’il faut contrôler l’accès aux contenus «dangereux» sur le suicide en ligne ?
IMPACTS
- Ce livre est unique en ce qu’il met l’accent sur la clarification des préoccupations pratiques des professionnels de la santé mentale, des services d’aide téléphonique, des chercheurs, des décideurs politiques et des planificateurs de programmes qui sont confrontés à des défis éthiques dans les domaines de la suicidologie, de la prévention du suicide, et l’Aide médicale à mourir.
ÉQUIPE ET PARTENAIRES
Auteurs
Brian L. Mishara, Professeur, département de psychologie, UQÀM, et Directeur du CRISE
David N. Weisstub, Professeur associé, UQAM, et International Academy of Law and Mental Health
FINACEMENT
Soutien du CRISE (Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC))
Piloté par Cécile Bardon, professeure et directrice associée
Validation d’un modèle du risque de suicide chez des personnes autistes ou ayant une déficience intellectuelle
CONTEXTE
L’ampleur du phénomène du suicide chez les personnes autistes ou présentant une déficience intellectuelle est aussi importante que pour la population générale, malgré les croyances populaires. En effet, au cours de leur vie, entre 13% et 33% des personnes ayant une DI et entre 10% et 72% des personnes autistes ont des idéations suicidaires.
PROJET
Cette étude fait partie du programme de recherche du Processus AUDIS, commencé en 2015, afin de répondre aux besoins des milieux d’intervention en réadaptation offrant des services spécialisés aux personnes autistes ou ayant une DI. Ce programme vise à développer, diffuser et valider un modèle cohérent du suicide ainsi que des outils cliniques de prévention du suicide adapté aux spécificités cognitives, émotionnelles et sociales des clientèles autistes ou ayant une DI.
La présente validation du modèle du risque suicidaire chez les personnes autistes ou ayant une DI a été menée entre 2019 et 2023. Elle est ancrée dans un paradigme de diversité et inclusion pour tenir compte de la voix et de l’expérience vécue des personnes vulnérabilisées dans la compréhension de leur suicidalité. Un devis qualitatif par entrevues a été mené auprès de 22 personnes autistes ou ayant une DI, un proche et un.e intervenant.e.
IMPACTS
- Validation empirique d’un modèle préliminaire du risque suicidaire adapté aux spécificités des personnes autistes ou ayant une DI ;
- Identification d’indicateurs de risque suicidaire et de danger de passage à l’acte suicidaire ;
- Soutien conceptuel aux processus cliniques de prévention du suicide chez les personnes autistes ou ayant une DI ;
- Formation des intervenant.es spécialisées en réadaptation et en prévention du suicide.
ÉQUIPES & PARTENAIRES
Chercheure
Cécile Bardon, PhD, psychologie, professeur à l’UQÀM et directrice associée du CRISE
Diane Morin, PhD. Psychologie, professeure UQAM, directrice de la Chaire DITC, directrice scientifique, Institut DITSA
Étudiantes
Sarrah Thomas-Persechine
Lorraine Millette
Collaborateurs
CISSS Montérégie Ouest
CISSS des Laurentides
Institut de recherche en DI-TSA
Service québécois d’expertise en troubles graves du comportement (SQETGC)
FINANCEMENT
Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) – 2019-2023