Enquête sur la prévention du suicide chez les techniciens ambulanciers et paramédics au Québec
Laurent Corthésy-Blondin, PhD., a procédé à l’exercice d’une vulgarisation de sa recherche doctorale. Vous trouverez ci-dessous le document complet.
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Résumé du rapport de recherche
Les études réalisées à l’international révèlent un taux de suicide plus élevé chez les techniciens ambulanciers et paramédics (TAP) que celui des travailleurs en général (p. ex., Mars, B. et al., 2020; Vigil et al., 2021). De plus, les comportements suicidaires seraient supérieurs chez les TAP par rapport à d’autres membres du personnel de la sécurité publique (PSP) comme les policiers, pompiers et répartiteurs d’urgence (Carleton et al., 2018). Malgré de tels constats, peu de recherches ont étudié les facteurs associés au risque suicidaire des TAP. Pour répondre à ce besoin de connaissances scientifiques, Laurent Corthésy-Blondin, Ph.D, a mené une recherche afin de comprendre les facteurs associés au risque suicidaire des TAP québécois et de proposer des recommandations pour prévenir le suicide chez les TAP. Voici les faits saillants de cette recherche à laquelle 356 TAP ont participé:
- Le tiers des TAP ont indiqué avoir présenté des idéations suicidaires au cours de leur vie ;
- Les facteurs de risque individuels du suicide incluent le trouble de stress post-traumatique (TSPT), la stigmatisation de la demande d’aide et l’accès aux médicaments comme moyens létaux;
- Les facteurs de risque organisationnels du suicide incluent la surcharge de travail, les conflits familiaux et des problèmes d’isolement;
Suivant l’analyse de ces résultats, et en se basant sur les suggestions de 177 participants à cette étude (49,7%), Corthésy-Blondin propose quatre recommandations en prévention du suicide pour les TAP.
En premier lieu, il propose de structurer une stratégie de prévention du suicide chez les TAP (recommandation 1). Cela, nous dit-il, passe par la création d’un comité de travail paritaire, l’organisation d’une communauté de pratique centrée sur la prévention du suicide et l’évaluation de l’implantation des mesures préventives.
Ensuite, il soulève qu’une amélioration de leur environnement psychosocial est nécessaire (recommandation 2). Cela va de pair avec le développement et l’implantation d’activités de sensibilisation dès la formation en soins préhospitaliers d’urgence des TAPS et par la mobilisation des paramédics et de leurs organisations dans des démarches pour diminuer les sources de conflits.
Également, Corthésy-Blondin (2024) recommande de renforcer le réseau et les ressources des paramédics vivant des problèmes courants (p. ex., conflits familiaux, problèmes de couple ou isolement) (recommandation 3). Cela se forge par l’offre de services psychosociaux spécifiques et par l’implantation de programmes de soutien par les pairs).
La dernière recommandation s’adresse aux TAP qui présentent un plus haut risque de suicide. Il suggère de dresser une liste de situations ou la possession de substance létale peut représenter un danger et entrainerait une évaluation de la nécessité d’en restreindre l’accès (p. ex., expression d’une détresse psychologique). Les gestionnaires et représentants syndicaux doivent également procéder à des suivis réguliers.
La mise en place de ces mesures renforcerait la prévention du suicide des TAP.
Référence
Carleton, R.N., et al., Suicidal ideation, plans, and attempts among public safety personnel in Canada. Canadian Psychology/Psychologie canadienne, 2018. 59(3): p. 220-231.
Corthésy-Blondin, Laurent (2024). « Facteurs de risque et de protection du suicide chez les techniciens ambulanciers et paramédics : modélisation et recommandations pour la prévention ». Thèse. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
Mars, B., et al., Suicide among ambulance service staff: a review of coroner and employment records. British Paramedic Journal, 2020. 4(4): p. 10-15.