Comprendre pour mieux soutenir les groupes à risque de suicide: le témoignage d’un paramédic dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide 2022

Lundi 31 janvier 2022
Dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide 2022, le CRISE a demandé à des acteurs de la prévention du suicide de milieux variés de présenter, dans leurs propres mots, l’apport de la recherche et des collaborations recherche-pratique pour eux-mêmes et dans leur milieu. Ce témoignage de Joey Ouellet, paramédic, concerne une programmation de recherche sur la prévention du suicide chez ces travailleurs et travailleuses, menée principalement par Christine Genest et Laurent Corthésy-Blondin.

Au début de ma carrière de paramédic, je courais sans crainte porter secours à tous. Ma communauté en avait besoin, j’étais ce « sauveur ». Au fil du temps et de mes propres expériences de vie, ce que vivent mes patients me touche davantage et me renvoie à mes propres défis et angoisses existentiels: une naissance, la maladie d’un proche, un suicide, un traumatisme, la mort. Il y a quelques années, le milieu ne me supportait pas : « T’as choisi d’être paramédic, t’es fait pour ça!”

Aujourd’hui, grâce à la recherche, le paradigme change. Le paramédic a ses vulnérabilités et lui aussi a besoin de se comprendre et d’être soutenu. C’est à cause de la passion des chercheurs que nous comprenons mieux les impacts sur les professionnels qui accourent vers vous dans les moments difficiles. C’est également en partie grâce aux chercheurs que les paramédics ont de plus en plus accès à de l’aide adaptée pour les soutenir. »

– Joey Ouellet, paramédic

À propos de la programmation de recherche

Des recherches récentes montrent que la mortalité par suicide et les tentatives de suicide sont élevées chez les paramédics. Cela pourrait être expliqué entre autres par la prévalence élevée du trouble de stress post-traumatique dans cette population. En effet, les troubles de santé mentale sont un facteur de risque important du suicide. Au surplus, chez la plupart des membres du personnel de la sécurité publique, qui incluent les paramédics, l’utilisation des services est entravée par la crainte des brèches de confidentialité et des conséquences sur la carrière du fait de demander de l’aide. Certains paramédics ayant des idées suicidaires n’auront donc pas recours à certains services traditionnels comme les lignes de prévention du suicide et les urgences hospitalières.

La thèse doctorale en psychologie de Laurent Corthésy-Blondin a pour objectifs d’examiner les facteurs associés aux comportements suicidaires des paramédics, à identifier les personnes ou ressources contactées en cas d’idéations suicidaires sérieuses et à répertorier les mesures qui, selon les paramédics, peuvent contribuer à prévenir le suicide chez leurs pairs. L’enquête a été facilitée par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui a transmis à ses membres paramédics un outil de collectes de données en ligne. Celui-ci est composé d’items socio-démographiques, de questionnaires standardisés, d’items spécifiques à l’environnement de travail et de question ouvertes.

Une programmation de recherche plus large est dirigée par Christine Genest, sur la prévention des blessures de stress post-traumatique chez le personnel de la sécurité publique. Consultez la page des Projets phares 2020 pour en savoir plus sur cette programmation de recherche: https://crise.ca/comprendre-pour-mieux-prevenir-le-suicide-10-projets-phares-des-membres-du-crise/ .