S’entraider et développer des outils adaptés pour prévenir le suicide des enfants: un témoignage dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide

Lundi 31 janvier 2022

Dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide 2022, le CRISE a demandé à des acteurs de la prévention du suicide de milieux variés de présenter, dans leurs propres mots, l’apport de la recherche et des collaborations recherche-pratique pour eux-mêmes et dans leur milieu. Ce témoignage d’Elsa Beauchesne-Rondeau, coordonnatrice de l’équipe 2e niveau au CIUSSS-MCQ, concerne le développement du Guide de soutien pour intervenir auprès d’un enfant de 5 à 13 ans à risque de suicide, auquel le CRISE a étroitement collaboré (notamment Cécile Bardon, membre du comité d’experts), ainsi que la communauté de pratique qui y est rattachée.

Bénéficier d’outils cliniques adaptés et efficaces

«Dialogue intérieur.   Comme pratiquement tous les lundis, je suis de garde à l’équipe 2e niveau, afin de soutenir les intervenants de la protection de la jeunesse dans les situations de risque suicidaire des jeunes qu’ils rencontrent dans le cadre de ce travail délicat et exigeant.  Mon téléavertisseur sonne.  Encore une situation d’un enfant qui présente des manifestations suicidaires…  C’est rendu beaucoup plus fréquent depuis quelques années.  Je suis même allée fouiller nos statistiques pour constater que les chiffres reflètent bien mes perceptions : nous sommes passés de 45 consultations en 2012 à 155 consultations en 2020 pour des enfants de 13 ans et moins. Je prends le temps de discuter avec l’intervenante de la situation de cet enfant, et c’est avec bonheur que je lui parle du guide de soutien pour intervenir auprès d’un enfant de 5 à 13 ans à risque suicidaire.  Enfin!  Nous avons maintenant une référence solide cliniquement et reconnue au niveau provincial en matière de prévention du suicide chez la clientèle enfant.  Je lui envoie le guide, l’aide-mémoire et également le document de prise de notes.  Je raccroche, satisfaite après avoir entendu l’intervenante me dire qu’elle se sent maintenant mieux outillée pour aller faire l’intervention qui l’attend.  Vite, elle doit s’y rendre avant que l’enfant ne quitte l’école qui vient tout juste de la contacter pour l’informer des propos qu’il a tenus …

Des outils et du soutien en réponse aux besoins

Eh oui, cette situation est un fait vécu.  Je coordonne l’équipe 2e niveau depuis 2012, et je fais partie de cette équipe depuis 2007, année de la mise en place de cette structure en Mauricie-et-Centre-du-Québec.  Il me fait plaisir, dans le cadre de la semaine de prévention du suicide 2022, de témoigner de l’impact sur la pratique suite à la parution de ce guide d’intervention (Guide de soutien pour intervenir auprès d’un enfant de 5 à 13 ans à risque de suicide, Ministère de la Santé et des Services sociaux).  Le besoin que l’on ressentait de se doter de repères cliniques dans la prévention du suicide chez les enfants était criant depuis plusieurs années.  À chaque réunion d’équipe 2e niveau, nous partagions à ce sujet, tentant de multiplier les repères et les recommandations pour soutenir les intervenants dans ces situations délicates.  C’est donc avec joie que nous participons à la promotion du guide via notre mandat. 

S’entraider et échanger grâce à la communauté de pratique

De plus, je prends part, avec quelques collègues de la région, à la communauté de pratique mise en place parallèlement au déploiement du guide.  Je suis assidue aux Webinaires qui sont proposés et aux échanges entre les membres.  J’ai d’ailleurs partagé un outil dans le cadre de ces échanges (Document de prise de notes en référence à l’aide-mémoire en soutien à votre jugement clinique en prévention du suicide chez les enfants de 5 à 13 ans). Les réactions furent enthousiastes, car cela rejoignait le besoin de plusieurs de se doter d’outils en cohérence avec le guide, pour soutenir la pratique. Nous avons formé un sous-groupe et poursuivi les travaux en collaboration. 

Quel plaisir de ressentir cet arrimage provincial!  Avant la fusion du réseau de la santé et des services sociaux en 2015, je participais régulièrement à des rencontres provinciales sur la prévention du suicide. Ce grand changement a amené des modifications aux structures, dont l’abolition de l’Association des Centres jeunesse du Québec. Les années qui ont suivi m’ont laissée avec un sentiment d’isolement par rapport à ce qui se passait ailleurs dans la belle province. Or, je retrouve avec grande joie cette impression de pouvoir s’influencer, s’alimenter, se stimuler et s’entraider grâce à la communauté de pratique mise en place! Vivement la suite! Aucun effort ne sera vain quand il s’agit d’une mission de la plus haute importance, la prévention du suicide des enfants qui avancent dans la vie, contre vents et marées. Et pour y arriver, nous serons toujours plus fort ensemble

– Elsa Beauchesne-Rondeau, Psychologue et coordonnatrice de l’équipe 2e niveau, CIUSSS-MCQ