Rapport de 2015 sur la mortalité par suicide dans les Forces armées canadiennes (de 1995 à 2014)

Auteurs

E Rolland-Harris, J Whitehead, H Matheson, M A Zamorski.

Résumé

textbfIntroduction : La Direction – Protection de la santé de la Force (DPSF) effectue régulièrement des analyses sur le taux de suicide et la relation entre le suicide et le déploiement. Le présent rapport en est une mise à jour pour la période s’échelonnant de 1995 à 2014. textbfMéthodes : Le présent rapport décrit les taux bruts de suicide de 1995 à 2014, établit des comparaisons entre la population canadienne et les FAC au moyen des ratios standardisés de mortalité (RSM) et analyse le taux de suicide selon les antécédents de déploiement au moyen des RSM en fonction de la normalisation directe. Il traite également de la variation du taux de suicide selon le commandement et, à partir de données tirées du Rapport sur les examens techniques des suicides par des professionnels de la santé (ETSPS), de l’effet d’autres facteurs de risque dans les suicides qui se sont produits en 2014. textbfRésultats : Entre 1995 et 2014, il n'y a pas eu dáugmentation statistiquement significative des taux de suicide. Le nombre de suicides chez les hommes de la Force régulière n’a pas été statistiquement différent du taux prévu en fonction du taux de suicide chez les hommes de la population canadienne. Chez les militaires qui ont déjà fait l’objet d’un déploiement, le taux de suicide n’est pas plus élevé, statistiquement parlant, que dans la population civile comparable. Par contre, on observe dans les ratios de taux une tendance selon laquelle les militaires qui ont déjà participé à un déploiement présentent un risque de suicide accru comparativement aux militaires qui n’ont aucun antécédent de déploiement; cette tendance n’est toutefois pas statistiquement significative. Les ratios de taux permettent aussi de constater que le risque de suicide est plus élevé chez les militaires qui appartiennent au commandement de l’Armée de terre que chez les autres militaires. Alors que les recherches antérieures des FAC n’ont jamais établi de corrélation entre le fait d’avoir participé à un déploiement et le suicide, on observe dans les plus récents résultats une tendance de ratios de taux de suicide élevés (1,48, IC : 0,98, 2,22), au cours des dix dernières années, chez les militaires qui ont déjà fait l’objet d’un déploiement comparativement à ceux qui n’ont jamais participé à un déploiement. Toutefois, ce résultat manque de justesse le seuil de signification statistique. Le risque de suicide est nettement plus élevé pour le personnel de l’Armée de terre que pour les autres militaires (ratio de taux normalisé selon l’âge = 2,02, IC : 1,45, 2,61), et l’écart entre le taux de suicide dans l’Armée et le taux de suicide dans les autres commandements s’est accru au cours des cinq dernières années. Cependant, il semble que cette situation soit attribuable à des taux inférieurs à la normale civile chez les militaires n’appartenant pas à l’Armée de terre plutôt qu’à un taux élevé chez les militaires de l’Armée de terre (RSM = 1,08, IC : 0,81, 1,41). Le taux de suicide des hommes dans l’Armée de terre est nettement plus élevé (30,35/100 000, IC : 23,03, 39,69) chez ceux qui appartiennent aux armes de combat que chez les autres (18,21/100 000, IC : 14,75, 22,54). Les résultats des ETSPS de 2014 appuient la théorie d’un enchaînement de causalité multifactoriel plutôt que celle d’un lien direct entre des facteurs de risques particuliers (p. ex. l’ESPT ou le déploiement) et le suicide. textbfConclusions : Le taux de suicide dans les FAC n’a pas augmenté de façon significative avec le temps, et il n’est pas plus élevé que celui de la population canadienne une fois normalisé selon l’âge. Toutefois, le petit nombre de cas restreint la capacité d’établir la présence de liens statistiquement significatifs. Contrairement aux résultats antérieurs, l’étude pointe maintenant vers les antécédents de déploiement comme un potentiel facteur de risque de suicide dans les FAC. Le risque de suicide élevé dans l’Armée de terre constitue également un résultat nouveau. Les traumatismes liés au déploiement (particulièrement à la mission en Afghanistan) et les troubles mentaux qui en découlent sont des mécanismes plausibles pour expliquer ces changements. Cependant, un effet de distorsion résiduel pourrait aussi entrer en jeu (p. ex. il pourrait exister un nombre disproportionné de militaires ayant vécu des expériences traumatisantes dans leur enfance ou d’autres expériences traumatisantes dans le personnel de l’Armée de terre ou chez les militaires qui participent à des déploiements). Des recherches additionnelles seront nécessaires pour étudier ces hypothèses en profondeur. CANADA HOMME SUICIDE-COMPLÉTÉ MILITAIRE PRÉVALENCE TENDANCE ÉPIDÉMIOLOGIE GUERRE MOYEN PENDAISON ARME-FEU ASPHYXIATION EMPOISONNEMENT SANTÉ-MENTALE ACCESSIBILITÉ SOIN PSYCHOPATHOLOGIE FACTEUR-RISQUE TROUBLE-STRESS-POST-TRAUMATIQUE RECOMMANDATION


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